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Hunter Kriss home world
28 août 2006

Jean Rollin, le roi francais de la serie Z.

rollin


JEAN ROLLIN

Passionné de cinéma depuis sa vision du Capitaine Fracasse d'Abel Gance à l'âge de 8 ans, Jean

Rollin réalise des courts métrages et monte des films publicitaires avant de mettre en scène son premier long métrage à l'âge de 29 ans.


Nous sommes en mai 1968, le pays est paralysé par les grèves et les distributeurs préfèrent retarder les sorties de leurs films. Le jour où sort Le viol du vampire, il est le seul nouveau film dans les salles. Le public va voir en nombre cette histoire de vampires réalisée par un jeune cinéaste français inconnu. Il découvre alors une oeuvre insolite, à des années lumières du cinéma fantastique de l'époque. Si le film séduit les surréalistes, il n'en est pas de même pour tout le monde. Rollin est menacé physiquement par des spectateurs mécontents et son film est traîné dans la boue par la critique... Jean Rollin, cinéaste maudit, est né...

 

Son univers poétique ne cessera alors de fasciner ou de révolter. Lèvres de sang marque la fin de sa période la plus personnelle. Des problèmes de production l'obligent à finir le film dans l'urgence avec des moyens réduits.


Rollin tourne alors sous des pseudonymes de nombreux films pornographiques. Les raisins de la mort marque le retour de Rollin à un cinéma traditionnel plus commercial. Il continue à mener une double carrière avant que la maladie ne ralentisse son activité cinématographique. Il se consacre alors principalement à la littérature et adapte au cinéma son roman Les deux orphelines vampires , très beau film qui semble marquer un retour à son univers très personnel des débuts.
La fiancée de Dracula

Brigitte Lahaie et Dominique Journet (La nuit des traq

 

Comme acteur


LE MARQUIS DE SLIME (1996. D-Quelou Parente)
DINOSAUR FROM THE DEEP (1993. D-N.G. Mount. Rollin appears as an expedition leader)
ALIEN PLATOON (1992. D-N.G. Mount)
TREPANATOR (1990. D-N.G. Mount. Rollin appears as a mad sergeon)
CHASING BARBARA (1990. For Eurocine)
LE PRINCE DES VAMPIRES (D- Thierry Racine. Short film)
SANGUINE (D-Pierre Pattin. Short film hommage to Rollin)
HEMOPHILIA (1985. Appearing as a Police Inspector)
LA MORTE VIVANTE (1982)
CLINIQUE POUR SOINS TRES SPECIAUX (a.k.a. La Clinique en Folie, La Doctoresse est une Salope, L'infirmiere au Minou Rase. 1980. D-John Love [Alain Payet]. Adult film)
LE LAC DES MORTS-VIVANTS (1980, Rollin appears as a zombie)
GAMINES EN CHALEUR (a.k.a. En Chaleur, 1979. D-Robert Xavier. Adult film.)
HYPERPENETRATIONS (1978. D-Robert Xavier. Adult film)
LEVRES GLOUTONNES (1978. D-Richard Stephens [Dominique Gout]. Adult film)
REMPLISSEZ-MOI...LES 3 TROUS (1978. D-Robert Xavier. Adult film)
AMOURS COLLECTIVES (1976. D-Jean-Pierre Bouyxou)
PHANTASM (1975)
LEVRES DE SANG (1974)
LES RAISINS DE LA MORT (1970) Objectif Cinéma : Qu’est-ce qui a vous poussé vers le cinéma ?

Jean Rollin : La première fois que je suis allé au cinéma, j’avais 8 ans, et ce fut à la campagne, où je vivais avec ma mère. C’était Capitaine Fracasse d’Abel Gance. C’était le premier film que je voyais, et je me suis alors dit " je veux faire ça quand je serais grand " ! (rires) En fait, deux séquences surtout m’avaient fortement impressionné : une séquence de tempête, et un duel dans un cimetière. Pour la petite histoire, sur mon premier film (1) Le Viol du Vampire, de manière tout à fait inconsciente, j’ai filmé la même chose que ce que j’avais vu enfant : un duel entre deux femmes à la lueur des torches. Plusieurs années plus tard, je me souvins du film de Gance, et je me suis dit alors dit à moi-même : " mais j’ai déjà fait ça " !

Objectif Cinéma : Les serials ont-ils eu une grande influence?


Jean Rollin : Oui. Les serials, la bande dessinée… Quand j’étais jeune, la télévision n’existait pas encore. Alors, avec mes camarades de classe, nous allions au cinéma au moins trois fois par semaine. J’habitais près de la gare Montparnasse, et à l’intérieur de la gare il y avait un petit cinéma ; c’était une chaîne présente dans toutes les gares parisiennes à l’époque, appelée le " Cinéac ". Les gens allaient dans ces cinémas, entre deux trains, etc…. C’était complètement surréaliste ! Quand vous étiez dans la salle, les gens entraient et sortaient sans arrêt, on entendait les annonces, " le train en provenance de… entre en gare… ". C’était vraiment curieux. Bien sûr, le public n’avait pas beaucoup de temps, aussi ces salles ne passaient que des films courts, et en particulier - c’était pour cela que mes amis et moi y allions - des " serials ". J’étais alors complètement fasciné par The Miracle rider, Mysterious Doctor Satan, Naoka the jungle girl

Un des grand plus plaisirs de ma vie fut, il y a de cela 4 ou 5 ans, d’aller à New York et d’y trouver en vidéo les vieux serials " Republic " ; toutes mes économies y passèrent, mais je peux désormais les revoir chez moi, sur mon propre magnétoscope.

Le Viol Du Vampire est découpé comme un serial, en deux parties, avec beaucoup de " cliffhangers ", dans l’esprit de la " Republic ", qui provoquait un rebondissement toutes les 10 minutes, etc.

A cette même époque où je découvrais les serials, je lisais beaucoup de bandes dessinées. A cette époque, elles étaient incroyables ! Ghost Walk , etc ; depuis mes 10 ans, je les collectionne, et je n’en ai jamais perdu une seule.

Nos imaginations devaient trouver un terrain d’exercice ; et là tout était " à suivre " -" continued next week " : les mots magiques ! Nous passions alors nos semaines à inventer la suite, et notre imagination travaillait sans arrêt. Toutes ces choses, les serials, les bandes dessinées, étaient importantes car elles excitaient notre imagination, notre esprit. Maintenant, les enfants sont devant la télévision, et tout y est pré-digéré, ils n’ont aucun effort à fournir pour comprendre ce qu'ils voient. L’imagination n’est plus sollicitée

Objectif Cinéma : En quoi le cinéma fantastique vous a-t-il influencé ? On pense parfois à Mario Bava dans vos films…


Jean Rollin : En ce qui concerne Bava, j’ai vu ses films, une fois adulte; je ne peux donc pas dire qu’ils m’ont véritablement influencé. Par contre, les films gothiques Universal m’avaient beaucoup marqué adolescent. Ces 5 ou 6 films, avec ce magnifique noir et blanc, c’était vraiment fantastique. Je me souviens en particulier de ceux d’Erle C. Kenton (2), La Maison de Frankenstein, La Maison de Dracula et surtout le dernier de la série, Abbott et Costello contre Frankenstein (3). J’ai dû voir ce film une vingtaine de fois ! Je l’aimais vraiment beaucoup, car si les autres films me terrifiaient totalement, au point d’en faire des cauchemars horribles, dans celui-ci les scènes comiques arrivaient à temps lorsque vous étiez trop effrayé. C’était vraiment très bien fait.

Objectif Cinéma : Pouvez-vous nous parler des problèmes rencontrés avec la censure, sur le Viol du Vampire notamment ?



Jean Rollin : Sur Le Viol, on m'a obligé à couper une séquence. Mais le film était en salles en mai (1968 ndlr) ; à Paris, c’était la Révolution, alors je n’ai pas coupé la scène…C’était une scène de messe noire, et il y avait un prêtre…Quand ils ont vu ça, ils ont décidé de couper !

Mais il y avait des manières de contourner la censure. Toujours pour Le Viol, au début de la seconde partie, le couple se réveille sur la plage et ils sont nus ; il n’y avait rien d’érotique, ils étaient juste nus. Mais la nudité intégrale était à l’époque strictement interdite ; alors qu’avons-nous fait ? Nous ne pouvions pas couper la scène, importante pour l’histoire, et nous ne pouvions pas la laisser en l’état. Alors, et cela nous a d’ailleurs coûté pas mal d’argent, nous avons mis le générique sur la scène, et le titre " pile " sur le sexe des personnages…

L’autre confrontation, ce fut Les Raisins de la Mort qui faillit être classé X, à cause de sa " grande violence " ; il y eut ballottage, mais nous avons finalement gagné.

Objectif Cinéma : Vous avez co-réalisé dans les années 70 de nombreux films X avec Jean Pierre Bouyxoux. Quels sont exactement vos liens avec lui et Maurice Lemaître ?

Jean Rollin : Bouyxoux, comme Lemaître, est l’un de mes meilleurs amis, depuis toujours. Quand j’ai commencé à tourner des films, Bouyxoux était avec moi, faisant l’assistant, écrivant des scénarios avec moi…Nous étions très proches. Quant à Lemaître, j’ai trouvé un jour amusant de le faire jouer, alors qu’il n’est absolument pas acteur, et qu’il a une diction totalement fausse ! On a dit alors qu’il ne savait pas jouer, qu’il jouait mal… C’est très amusant d’avoir un personnage qui joue comme ça, car il ne joue pas en fait : il est exactement comme ça dans la vie

Objectif Cinéma : Quelle était la part du commercial et de l’expérimentation dans le fait de tourner des films X ?



Jean Rollin : C’était commercial, car nous n’avions ni le temps ni l’argent nécessaire pour faire quelque chose d’intéressant : ces films étaient tournés en deux jours. J’ai essayé une fois de mêler le fantastique et le X, dans un film qui s’appelle Fantasmes, mais ce fut un échec : le public ne venait que pour les séquences porno, j’avais travaillé pour rien.

Objectif Cinéma : Comment trouvez-vous vos actrices, notamment Brigitte Lahaie ? (4)



Jean Rollin : Je l’ai rencontré sur le tournage d’un film X que je réalisais, et j’ai trouvé qu’elle avait " quelque chose " que les autres actrices du porno n’avaient pas. Je lui ai donc dit : " un jour, j’aimerais te faire jouer un petit rôle dans un film fantastique ". Elle ne m’a pas cru, mais un ou deux ans après, j’ai eu l’opportunité de tourner Les Raisins de la Mort. Je l’ai alors appelé pour lui proposer un rôle : elle était surprise ! Elle joua donc dans le film et y prit beaucoup de plaisir. Elle découvrit sur ce film le plaisir de jouer ; depuis, elle a beaucoup travaillé, et elle est devenu une actrice. Mais c’est sur ce film qu’elle a ressenti pour la première fois à quel point elle pouvait prendre du plaisir à dire un texte, à jouer quelque chose, et pas seulement des scènes de sexe ; c'était aussi un plaisir pour elle, mais d’un autre type.

Objectif Cinéma : Comment travaillez-vous avec des budgets aussi minces ?

Objectif Cinéma : Vous rattachez-vous à une " école française " du fantastique, qui inclurerait Cocteau ou Georges Franju ?


Jean Rollin : Je peux dire que Georges Franju est mon maître, je me sens très proche de lui. Des films comme Judex, et même Pleins Feux sur l’Assassin, qui est pourtant un petit film commercial, sont pour moi très intéressants. Ce décor de château notamment…


Jean Rollin : Je dois tourner très vite… Parce qu’il n’y a pas d’argent, pas de temps, etc. Il est rare que je fasse plus de trois prises pour un plan ; j’en prends une, et c’est tout ! Parfois, mon directeur de la photographie me dit " fais-en une autre ", alors j’en fait une autre (rires). Je me souviens, pour les Raisins de la Mort, que nous tournions dans les Cévennes, et que le gros problème était le froid. Dans une scène, Brigitte devait enlever sa robe dans ce petit village abandonné, et prononcer quelques mots. Et il faisait si froid qu’elle ne pouvait pas parler : elle ouvrait la bouche, mais rien ne venait ! Nous avons dû faire 10 ou 12 prises rien que pour ce passage...

Objectif Cinéma : Dans toute votre filmographie, quels sont les films dont vous êtes rétrospectivement le plus fier ? Lèvres de Sang ?



Jean Rollin : Lèvres de Sang est sans doute mon meilleur scénario. Mais j’ai eu tant de problèmes sur ce film, pour lequel j’ai dû effectuer de nombreuses coupes… Mon meilleur film est probablement mon dernier, La Fiancée de Dracula ; sur celui-ci et le précédent, les Deux Orphelines Vampires, j’ai eu en effet suffisamment d’argent pour prendre mon temps ; pour Les Deux Orphelines, j’avais un co-producteur très riche, et l’argent n’était pas un problème pour lui. Nous avons donc pris deux semaines de plus qu’à mon habitude, et pour la première fois dans ma vie, j’ai pu travailler avec une actrice AVANT de tourner. Ce fut une bonne expérience.

Malheureusement, pour la Fiancée, j’étais très malade, et ce fut un tournage très difficile ; tous les deux jours, je devais me rendre à l’hôpital le plus proche et perdre 4 heures pour une dialyse, pour me faire laver le sang… Donc nous devions tourner le dimanche, commencer à l’aube…C’était terrible

Objectif Cinéma : Pourquoi le personnage du vampire a-t-il une telle importance dans vos films ?

a savoir

Jean Rollin : Certainement parce que dans la mythologie fantastique, au cinéma, le vampire est le personnage le plus humain, le plus séduisant. Le loup-garou n’a rien de séduisant, la momie non plus. Mais dans le film de vampire, il y a un arrière-plan d’émotions érotiques très fort : le baiser du vampire est bien sûr un symbole, et la fascination qui s’en dégage m’intéresse beaucoup, parce que je peux facilement y placer une fille vampire : il est beaucoup plus difficile de faire une " louve-garou ", ou une créature de Frankenstein femelle !

Et puis il y a l’importance du fétichisme qui entoure le vampire : le costume, le baiser dans le cou… J’aime beaucoup ce symbolisme, qui mène droit à l’érotisme.

 

1 - Premier film fantastique : Jean Rollin avait auparavant réaliser des documentaires et des court métrages.

2 - Erle C. Kenton, ayant débuté chez Mack Sennett, est plus connu pour ses films fantastiques réalisé pour la Universal, notamment Island of lost souls (1933), une adaptation de l’île du docteur Moreau avec Charles Laughton, Ghost of Frankenstein (1942) et Zoo of Budapest

3 - Le titre français est Deux nigauds contre Frankenstein ( C.T. Barton,1948) ; ce film fait partie d’une série mettant en scène deux comiques, Abott et Costello, confrontés aux grands monstres de la Universal ; il rencontrèrent ainsi Jekyll et Hyde, Frankenstein, le loup garou…Cette série marque la fin de la série Universal.

4 - Actrice X bien connue, Brigitte Lahaie apparaît dans presque tous les films de Rollin depuis Les Raisins de la Mort, jusqu’à son dernier film, la Fiancée de Dracula.

Filmographie complete

2000 La Fiancée de Dracula / Bride of Dracula
1995 Les Deux Orphelines Vampires / The Two Vampire Orphans
1993 La Femme Dangereuse / Killing Car
1993 Les Deux Orphelines Vampires / The Two OrphanVampires
1994 Le Parfum de Mathilde / The Perfume ofMathilde
1991 Perdue dans New York / Lost in New York
1990 La Griffe d'Horus
1988 Emmanuelle 6
1983 Les Trottoirs de bangkok / Sidewalks of Bangkok
1982 La Morte Vivante / The Living Dead Girl
1981 Les Echappées / The Escapers
1980 Le Lac des Morts-Vivants / Zombie Lake
1980 La Nuit des Traquées / Night of the Hunted
1980 Zombie Lake / Lac des Morts Vivants / Lake of the Living Dead
1980 Pénétrations Vicieuses
1979 Fascination
1978 Raisins de la Mort / Grapes of Death / Pesticide
1978 Petites Pensionnaires Impudiques
1977 Lèvres Entrouvertes
1976 La Comtesse Ixe / Sueurs Chaudes
1976 Vibrations Sensuelles
1975 Douce Pénétrations
1975 Phantasmes / The Seduction of Amy / Once Upon a Virgin
1975 Levres de Sang / Lips of Blood
1974 Jeunes Filles Impudiques
1973 La Rose de Fer / The Crystal Rose / Nuit du Cimitière
1973 Les Démoniaques / Deux vierges pour Satan
1973 Tout le Monde il En a Deux / Bacchanales Sexuales
1972 La Rose de Fer / The Crystal Rose
1971 Requiem pour un Vampire / TheCrazed Vampire
1970 Le Frisson des Vampires / Sex and the Vampire
1969 La Vampire Nue / The Nude Vampire
1968 Le Viol du Vampire / The Rape of the Vampire
1967 Le Viol du Vampire / La Reine desVampires
1965 Les Pays Loin
1964 Vivre en Espagne
1963 L'Itinéraire Marin
1961 Ciel de Cuivre
1958 Les Amours Jaunes


JEAN ROLLIN
Réalisateur Entretien réalisé
à Bruxelles le 29 mars 2002
Par Yves GAILLARD, Xavier MENDIK
et Mike LEBBING

Faut-il présenter Jean Rollin ? Véritable mythe dans le monde anglo-saxon, Jean Rollin, comme Jess Franco, connaît aujourd’hui une reconnaissance tardive qui lui vaut d’être invité a présenter quatre de ses films consacrés aux vampires, les 24 et 25 juillet 2003, à l'occasion de la rétrospective "Vampires" à la Cinémathèque Grands Boulevards. Retour sur son interview fleuve.

Son œuvre fantastique, fascinée par la beauté des femmes-vampires et la nostalgie de l’enfance, débuta avec Le Viol du Vampire en 1967, premier volet d’une série à laquelle on le réduit souvent (La Vampire Nue, 1969, Le Frisson des Vampires, 1970, Requiem pour un Vampire, 1971).

Pourtant, ses films les plus surprenants ne se rattachent pas à une mythologie précise, même si la fascination pour le fétichisme et le romantisme macabre sont toujours présents : La Rose de Fer en 1972 est ainsi une sorte de fable allégorique cruelle sur les affres du couple, tandis que Lèvres de Sang (1974), peut-être son plus beau film, suit l’itinéraire d’un homme obsédé par un souvenir, à la recherche de la Belle Dame en Blanc qu’il rencontra enfant ; les contraintes budgétaires, que Rollin rencontra tout au long de sa carrière, sont ici sublimées par des décors naturels splendides, où Paris et un château du Périgord se confondent dans une même image d’un monde devenu ruine.

Tous les films de Jean Rollin sont passionnants pour leurs intentions ; lui-même sait rire de certains de ses films, et c’est cette franchise lucide et joyeuse qui étonne lorsqu'on le rencontre.

L’amateurisme des acteurs, le rythme languissant, hypnotique, et la beauté de ses cadrages concourent à faire de la vision d’un film de Jean Rollin une expérience du vagabondage mental, ou les réminiscences se télescopent ; des " mélodrames " de Gaston Leroux (auquel il consacra une série d’articles dans la revue " Midi Minuit Fantastique ", exhaustifs et passionnants) aux œuvres de Gustave Moreau, en passant par la modernité européenne dont Rollin s’inspire beaucoup dans son emploi du plan-séquence, de la musique atonale…

Au-delà de sa réputation de réalisateur " Z ", Jean Rollin fut l’un des pionniers du renouveau du cinéma fantastique européen dans les années 70 ; mi-pour des raisons budgétaires, mi-par choix artistique, Le Viol Du Vampire apparaît aujourd’hui comme un film novateur, ancré dans un contexte contemporain, bénéficiant d'un mélange d’influences gothiques et modernes visant à ouvrir le thème de l’addiction vampirique sur la drogue, et la psychanalyse (sans parler de l’intrusion d’une imagerie sexuelle explicitement fétichiste et sadique).

Compagnon de route de Maurice Lemaître et Jean Pierre Bouyxoux, le parcours de Jean Rollin emprunta les voies les plus improbables, passant par le gore et le porno, mais toujours en préservant sa fascination inquiète pour la beauté des femmes-vampires.

Si, dans les années 80, Rollin disparut des écrans, ce n’est qu’en 1995 qu’il retourna à la réalisation avec Les Deux Orphelines Vampires. Il a depuis réalisé un nouveau film, La Fiancée de Dracula, malgré de graves problèmes de santé

ENTRETIEN

le réconcilie enfin avec une bonne partie de la critique et la cinémathèque française l'a invité cet été à présenter certains de ses films à l'occasion de la rétrospective vampires : après 35 ans de carrière, l'incomparable talent de Jean Rollin semble enfin reconnu... il était temps.

Filmographie :


Le viol du vampire (1968)
La vampire nue (1969)
Le frisson des vampires (1970)
Requiem pour un vampire (1971)
La rose de fer (1972)
Les démoniaques (1973)
Lèvres de sang (1974)
Phantasmes (1975)
Les raisins de la mort (1978)
Fascination (1979)
La nuit des traquées (1980)
Les paumées du petit matin (1981)
La morte vivante (1982)
Les trottoirs de Bangkok (1983)
Perdues dans New-York (1991)
Killing car (la voiture rouge sang) (1993)
Les deux orphelines vampires (1995)
La fiancée de Dracula (2000
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